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Débats autour d’une notion

En 2002, le sociologue Michel Bozon a expliqué : « Les rites de passage, qui organisaient et solennisaient naguère le processus de passage à l’âge adulte, ont cédé la place à une transition plus progressive, reposant sur des procédures informelles et éventuellement réversibles, parsemées de rites ponctuels » (Bozon Michel, « Des rites de passage aux "premières fois". Une expérimentation sans fins », Agora débats/jeunesses, 28, 2002. Rites et seuils, passages et continuités. p. 22-33)

Les traditionnels rites de passage, ces rituels qui marquaient le changement de statut (naissance, mariage, décès…) sont-ils morts ? Ils avaient une triple fonction :

  • accompagner collectivement l’individu à des moments importants de son existence, des périodes qui pourraient engendrer le doute ou la souffrance ; les rites structurent la vie des individus
  • favoriser l’immersion dans un groupe social, ce sont des rites d’agrégation
  • rite initiatique par lequel, celui qui quitte un groupe social pour en rejoindre un autre tente de connaître l’avenir

La notion a été étudiée par Arnold van Gennep dès 1909 dans Les rites de passage. Il a noté la structure ternaire du rite : la séparation (quitter un groupe) ; la phase de marginalisation (mise à l’écart du groupe avec parfois des rites d’inversion) ; l’agrégation. Dans les années 1960, Victor W. Turner (Le phénomène rituel : structure et contre-structure : le rituel et le symbole : une clé pour comprendre la structure sociale et les phénomènes sociaux, édition en français en 1990 d’un livre de 1961) a complété l’analyse, insistant sur le fonctionnalisme de ces manifestations et systématisé l’observation des phases du rituel. Pierre Bourdieu (« Les rites comme actes d'institution », Actes de la recherche en sciences sociales, 1982, n° 43, p. 58-63) estime cependant qu’il convient de reprendre le concept. Il avance son désir de parler de « rites d’institution » dont la principale fonction est de « faire croire aux individus consacrés qu’ils sont justifiés d’exister, que leur existence sert à quelque chose ».

Un film pour montrer

Dans la société européenne traditionnelle, les rites de passage sont profondément marqués par la religion catholique. Ils accompagnent les moments importants de la vie par des sacrements comme le baptême, le mariage… Mais les fidèles y associent des gestes qui se situent en marge des rituels voulus par les ecclésiastiques.

Nous sommes face à des manifestations complexes où se mêlent la foi et des croyances marginales ; le rôle de l’Eglise à côté de groupes sociaux plus ou moins informels… Le film que nous proposons montre l’enchevêtrement de ces niveaux de culture et de croyance.

Les réalisateurs ont choisi de se servir de documents filmés au début du XXe siècle, archives visuelles précieusement conservées au CENTRE IMAGE LORRAINE. Ils ont décidé de laisser les films avec leurs défauts qui sont autant de marques du travail de cinéastes amateurs. Certains écrivent de petits scénarios, d’autres plantent une caméra qu’ils ont du mal à tenir. Ces images prouvent que les Français avaient pleinement conscience de l’importance de ces rites. Ils ne le nommaient pas, n’avaient pas connaissance de la notion de rite de passage. Ils se contentaient de vivre collectivement les étapes importantes de leurs existences.